Résumé :
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Dans ce chapitre XV (Chose promise. Étude sur la promesse à partir de Hobbes et quelques autres, PUF, 2014), l’hypothèse selon laquelle la promesse et ses avatars sont au cœur du lien social est confrontée, trop rapidement, aux analyses classiques du grand Essai sur le don de Mauss. Le don maussien n’est pas un don « gratuit », ni un commerce marchand, c’est un système complexe d’obligations sociales. On essaie de montrer que les riches et profondes analyses de Mauss, y compris sur le potlatch, ne s’opposent pas tant que cela à certains éléments de la pensée de Hobbes telle que nous l’avons interprétée. Il s’agit selon Mauss, plus généralement, de « substituer l’alliance, le don et le commerce à la guerre, l’isolement et la stagnation », trois termes qui ne peuvent pas ne pas évoquer la phrase la plus célèbre du Léviathan (« and the life of man is solitary, poor, nasty, brutish and short »), décrivant l’état de nature. C’est dans ce monde de petites sociétés sans État que l’échange non marchand décrit par Mauss sous le titre de « don/contre-don » peut avoir lieu, pour créer des solidarités, sans que la valeur de la « vaine gloire » mise en évidence par Hobbes en soit du tout absente. Une moindre vexation, et c’est à nouveau la guerre. Quoi qu’il en soit, le don maussien peut être interprété comme une espèce du genre « pacte ».
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