Titre : | Genre et santé (Dossier) (2020) |
Auteurs : | Dominique LE BOEUF, Auteur |
Type de document : | Article de revue |
Dans : | Soins (n°845, mai 2020) |
Article en page(s) : | p.24-48 |
Langues: | Français |
Résumé : |
En matière de santé, les préjugés liés au genre influencent les pratiques médicales, la recherche, l’enseignement et le comportement des soignants comme des patients.
Ils peuvent agir sur l’interprétation des signes cliniques et le mode de prise en charge des patients, selon leur sexe et leur maladie. Ainsi, les femmes meurent de plus en plus de pathologies réputées masculines, comme l’infarctus du myocarde et le cancer du poumon, mais elles sont souvent diagnostiquées plus tard que les hommes. Inversement, la majorité des hommes souffrant d’ostéoporose n’ont pas de traitement, car cette maladie est considérée, à tort, comme étant l’apanage des femmes ménopausées, alors que chez les hommes un tiers des fractures de la hanche lui sont dues. Ces préjugés ont également un effet sur l’accès aux traitements médicaux, le dépistage et la prévention des risques psychosociaux au travail. Les causes du renoncement aux soins diffèrent selon le sexe, mais produisent les mêmes effets négatifs sur la santé si elles ne sont pas prises en compte. Or, les risques psychosociaux au travail sont sous-estimés chez les femmes. Ces idées préconçues agissent sur la répartition des tâches entre les infirmiers dans les équipes mixtes et les carrières au sein de la profession. Les études dans ce domaine montrent que la répartition des tâches et le choix de la carrière sont plus influencés par le sexe que par les compétences des intéressés. Ces différences se retrouvent dans la recherche médicale et dans les pratiques soignantes. Jusqu’en 1980, ce sont les paramètres physiologiques des hommes qui ont été pris comme références dans les recherches cliniques. Les femmes ont donc été largement sous-évaluées dans les études sur les maladies cardio-vasculaires ou dans les essais cliniques pour le développement de nouveaux médicaments. Ce choix préférentiel a conduit à des inégalités entre les sexes dans l’accès aux traitements et les prises en charge médicales. Considérer le genre dans la santé est donc un enjeu de bioéthique majeur pour donner toute leur portée aux recherches, améliorer la prévention et la pertinence des prises en charge et l’accès aux soins, faire évoluer les pratiques soignantes et enfin valoriser au mieux le métier d’infirmier. |
En ligne : | https://www.em-premium.com/article/1384838 |
Contient : |
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